Dans la presse

Danse de ParkingABC-Abouav Bezons Chorégraphie

« Danse de parking » de Sandra Abouav - Danser Canal Historique - Le 23 juin 2020 - Par Nicolas Villodre

À l’approche du 100e épisode de Danse de parking de Sandra Abouav, il nous a semblé intéressant de traiter de cette forme singulière de cinédanse (ou de digidanse) destinée à être diffusée par les réseaux dits « sociaux ».

Conceptrice, productrice, réalisatrice et interprète de ces clips tournés depuis près de trois ans en vidéo légère – au moyen d’un simple smartphone –, Sandra Abouav a su capter notre attention et capter tout court sa danse – la noter, l’homologuer, la pérenniser – à une fréquence hebdomadaire et créer de toutes pièces des œuvres chorégraphiques d’assez brève durée, au risque d’être plagiée en les divulguant avec prodigalité au tout venant ! Ces courts métrages ont tenu en haleine – quoiqu’à distance – les spectateurs, un peu comme les ciné-feuilletons de jadis, tournés dans ce même quartier des hauts de Belleville où se situe le « plateau » de Sandra. Le studio étant ici réduit (pour ne plus utiliser l’adjectif « confiné ») à son garage. La danseuse-filmeuse rejoint par là la pionnière du 7e Art, Alice Guy, Musidora et les réalisateurs de serials de la cité « Elgé », ceux de la rue des Alouettes, un des plus grands studios en Europe, recyclé par la suite en studio de télévision pour les dramatiques de l’« école » des Buttes Chaumont.

Danser pour la toile La danseuse s’est sentie « piégée ». Coincée, obligée de fournir chaque dimanche, aux alentours de midi, une nouvelle livraison, autant que possible inédite, sous la forme d’une variation, c’est le cas de le dire, interprétée par elle ou avec des partenaires qui ont fini par constituer quasiment une troupe. Le parking n’a certes pas le confort d’un studio de danse – on n’y peut évoluer pieds nus. S’il est disponible jour et nuit, il ne garantit pas pour autant la quiétude, la danseuse devant rester « en alerte », aux aguets, sur ses gardes, en raison de l’irruption possible, à tout moment, du propriétaire ou du locataire d’un box, voire, comme cela lui est arrivé, d’un intrus – cela va de la personne cherchant à assouvir un besoin pressant, à un rôdeur, un voleur ou tout bonnement d’un dealer. Le parking en question, partiellement en entresol, est propre mais, comme tout parking, anxiogène. La durée des clips, de moins d’une minute à un peu plus, peut se justifier. D’une part, ils sont destinés à être compressés, voire écourtés pour pouvoir être aisément twittés, instagrammés, tiktokés, facebookés ou youtubés. De l’autre, on a l’impression que Sandra ne veut pas abuser de l’éclairage collectif au néon, probablement modéré par une minuterie.

Pour ce qui est de la gestuelle proprement dite, disons que l’interprète a une bonne connaissance des courants de la danse « libre » et postmoderne, ce qui lui permet d’explorer diverses directions et de nous restituer autant de catégories esthétiques. Sa technique et sa palette stylistique trouvent ainsi à s’exprimer de manière précise et fluide. Elle aime visiblement jouer avec les contrastes, les changements de direction, les ruptures rythmiques – voire les sautes d’humeur. Sa dialectique l’autorise à entremêler écriture savante, labanotation, vocabulaire classique, faits quotidiens, petits gestes a priori insignifiants, grossis et inversés par le miroir déformant de la caméra, divagations et improvisations. Douée pour plusieurs disciplines, elle passe de la chanson au sketch théâtral, de la conférence dansée à l’enchaînement de mouvements inattendus, de la prouesse à l’immobilité. Il est extrêmement rare, en outre, qu’une jolie personne ait, en prime, la vis comica. Sandra, avec son agilité corporelle et la plasticité de son minois, a créé un personnage poétique, capable d’ironie, apte à l’humour.

Cinéma underground Dans les conditions de production qui sont celles du cinéma indépendant pur et dur – avec, comme elle l’a rappelé dans un entretien radiophonique, « zéro budget » – Sandra réalise une série relevant du home movie. Le dispositif est tout simple, du moins dans les premiers numéros : une caméra sur trépied, le même cadrage sur une perspective du sous-sol composée d’une enfilade de portes éclairées par une lumière artificielle verdâtre et, dans la partie supérieure de l’image, à l’arrière-plan, un décor « naturel » – extérieur –, à l’air « libre », le tout en moins d’une minute chrono, en plan-séquence, comme les premiers films de Louis Lumière. Jusqu’au treizième épisode, se dessine par petites touches impressionnistes un autoportrait de l’artiste en son atelier. On note ensuite des modifications.

En près de trois ans, la jeune femme mûrit. Elle s’entoure de familiers et de comparses qui lui tiennent (ou forment ?) compagnie : Lina Cespedes devant l’objectif, Vincent Cespedes derrière et, par ordre d’apparition, Philippe Tabarly, Carole Bordes, Violette Pouzet, Richard Kapoff, Olivier Bioret, Giang Ha, Uyen Nguyen, Alexis Morel, Cendrine Lassalle, Dabo Boubacar, Eliane Dos Santos, Bakhta Ben Tara, Jérémie Gardelli, Antonin Gellibert, Hugos Salignat, Özgür Bilal, Virginie Schwob, Chloé Baker, Enrico Lemercier Castronovo, Cendrine Lasalle, Martine Hénia Duffas, Stéphanette Martelet, Blaise Merlin, Jenny Abouav, Sergiù Popescu, Marlène Rostaing, Elsa Godart, Anouk Gonzàlez, Jacques Abouav, Tarek Sardi, Émilie Ond, Camille Rancière…

Le cinquantième épisode est une superproduction, au moins pour ce qui est du casting, avec Chloé Baker, Özgür Bilal, Laure Bourgois, Dominique Boutel, Lina Cespedes, Valeriu Cosuleanu, Mikaël Cerop Ohanessian, Stéphanette Martelet, Alexis Morel, Violette Pouzet, Hugo Salignat et Virginie Schwob. Le parking est exploré en long, en large et en travers, jour et nuit. La caméra devient mobile, utilisée de main de maître par la danseuse en action, façon selfie (cf. le numéro double 89-90) ; la danse intégrale se mélange à la danse théâtrale, à l’exercice de style, à la poésie (cf. le n° 83, avec La Rose et le réséda de Louis Aragon récité par cœur) ; la danse se combine à la musique contemporaine (cf. le n° 33, avec Alexis Morel à la flûte traversière) ; la pantomime vire au classique (cf. le n° 84, avec Jacques Abouav au saxophone et la danseuse au cornet interprétant Le Vol du bourdon de Nikolaï Rimsky-Korsakov, la caméra de Vincent Cespedes tournoyant autour d’eux à la façon d’un Lelouch).

Nous avons été sensible à la réalisation de l’épisode 92 par Alexis Morel, véritable film expérimental exploitant les vibrations fluorescentes du plafonnier. Et une danse en silence. On en est déjà au 96e numéro.

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"Quand Sandra danse la ville..." - Bezons infos n° 418 - novembre 2020 - Par Catherine Haegeman

Le Théâtre Paul-Eluard (TPE) propose une série de vidéos qui présente Bezons et ses habitants de manière décalée et dansée.
Les 20 épisodes de la saison 1, mis en scène par SandraAbouav, sont disponibles sur les réseaux sociaux du TPE.

Quand Sandra danse la ville…

Les cinq premiers des 20 épisodes de la sitcom chorégraphique, lancée cette saison par le TPE, ont déjà été diffusés. Pour les retardataires, pas de panique : il suffit de se connecter les réseaux sociaux du théâtre pour découvrir cette série poétique et décalée. Sandra Abouav tisse, en danse et en mots, des narrations liées à la ville et ses habitants. Conceptrice, productrice, réalisatrice et interprète de ses clips, tournés au smartphone, Sandra Abouav déambule dans Bezons depuis septembre. Elle y déniche des endroits qui lui donnent envie de danser. L’artiste s’inspire de sonorités, de micro-événements de la vie, de gestes d’apparence insignifiants. « Ma quête est simple : rendre magique le banal. Je cherche à mettre de la poésie dans ces lieux connus des habitants. » Premiers pas au pont Pour le premier épisode, Sandra a choisi le pont de Bezons. « Je voulais marquer le coup de mon arrivée, en filmant les panneaux d’entrée de ville. » D’autres épisodes ont suivi. Avec d’autres lieux que l’on s’amuse à reconnaître ou (re) découvrir. Un terrain avec des engins et des grues, des pavés, devant un portail… Ces chorégraphies montrent une danseusecinéaste poétique, douée pour l’ironie et aguerrie à l’humour. Ses performances lui ont valu quelques signes amicaux, des applaudissements furtifs. « J’ai hâte qu’un vrai dialogue s’instaure avec les Bezonnais. » La danseuse n’exclut pas de partager « la scène » avec des habitants musiciens, danseurs, plasticiens… « Je suis curieuse de rencontres porteuses de poésie. » La chorégraphe n’en est pas à son coup d’essai. Pendant trois ans et 100 épisodes, elle a tenu en haleine un public séduit par ses improvisations et ses divagations à Paris. Dans des lieux souvent hostiles et anxiogènes, elle a signé une série de courts métrages « Danse de parking ». « Quand Sébastien Lab, le directeur du TPE, m’a proposé de relever un nouveau défi, j’ai tout de suite dit oui. C’est très enthousiasmant d’aller explorer un autre terrain de jeu plus vaste où je suis à la vue des passants. »

Des épisodes de 1 à 3 minutes Les épisodes de la « saga bezonnaise » durent entre 1 et 3 minutes et sont diffusés les 10, 20 et 30 de chaque mois. Chaque vidéo est accompagnée d’un texte. Transposer, en corps et en mots, est la marque du travail chorégraphique de Sandra Abouav. Où sera tourné le prochain épisode ? Que va-t-elle encore inventer ? Pour le savoir, rendez-vous sur les réseaux sociaux du TPE !

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À BOUCHE QUE VEUX-TU

“Fenêtre[s] sur Cour / Prototype II / La voix dans la partition chorégraphique” - Fondation Royaumont - Le 3 septembre 2015 - Par Irène Filiberti

Déjà la danseuse de cabaret s’en jouait, de la grimace au cri, avant que le morphing n’en reprenne les enjeux. Il y a dans le travail du corps et du geste, des mouvements, des façons réflexes et involontaires passionnantes à explorer. Sandra Abouav s’y est attachée, du côté du bâillement. Une véritable mine gestuelle, pépites d’expressions aux intentions communicatives, aux cheminements variés. Soupirs, grimaces, rêve ou sommeil, volontaire ou involontaire, on baille à gorge renversée, en silence ou en bruit, comme dans un rêve ou par ennui, on hésite, on s’étire, on pique du nez on sursaute et tout cela creuse un sillon d’écriture entre le geste et la voix. Mouvements démultipliés, réflexes et automatismes, contamination ou métamorphose sont autant d’éléments traversés par les danseurs et la chorégraphe dans ce terrain plein de mystère à déchiffrer.

FRAGMENT(S) – SOIR 2 – À BOUCHE QUE VEUX TU – NOTRE FOYER - Le souffleur - Le 10 novembre 2016 - Par Swann Kerboeuf

Troisième soirée du Festival Fragment(s) #4, qui propose chaque soir entre le 7 et le 24 novembre 2016, dans l’un des six théâtres partenaires, deux formes courtes en cours de création. Ce soir, le festival prenait place dans la petite salle du Jeune Théâtre National, où étaient présentées : À bouche que veux-tu et Notre Foyer. Deux formes radicalement différentes : l’une dansée, l’autre dramatique. Deux ébauches oniriques et prometteuses. La première : À bouche que veux-tu de la compagnie METAtarses a été conçue et chorégraphiée par Sandra Abouav. La scène est habitée par cinq danseurs aux postures sculpturales. Le son explore l’inconnu comme ces corps, leurs humanités.

Pas d’artifice ici, on joue et le public s’en amuse.

En quatuor, trio, duo ou solo, la bouche ouverte, le souffle comme gouvernail, les corps tendus ou souples, on les observe voyager à l’écoute de leurs envies. Ils tentent de dire : forcés de vivre par un bâillement incessant, communiquer leurs intentions est difficile pour ces incompris. Malgré tout à travers leurs progressions, le chœur se développe et crée un langage par onomatopées répétées. Un réel travail sensible sur l’évolution biologique humaine.

En cours de création et donc de progression, À bouche que veux-tu est prévu dans sa forme définitive à Mains d’Œuvres en mars 2017.

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“Quand un spectacle bouleverse les codes du spectateur” - Critiques vivantes - Le 17 avril 2017 - Par Elsa Godart, Philosophe et psychanalyste

Au XVII°siècle, la crainte de tout comédien présentant un spectacle devant Louis XIV était de le voir bâiller : un bâillement du roi en pleine représentation et c’en était fini de la pièce, peut-être même de la troupe. Alors qu’il présente sa farce le Docteur amoureux, Molière remporte un succès en voyant le roi rire à gorge déployée. Il abandonne du même coup la tragédie.

Si depuis des siècles bâiller dans une salle de spectacle est signe de lassitude, de désapprobation ou d’ennui ; si depuis des décennies ce que redoutent le producteurs, réalisateurs, comédiens, danseurs ou artistes en tout genre, c’est le bâillement du spectateur et que de leur côté les spectateurs se contorsionnent sur leur siège pour éviter de faire paraître ce besoin parfois gênant ; à présent les choses ont changé : il est un spectacle où bâiller est légitime et même attendu. Un spectacle à l’audace et à la maîtrise surprenante, mettant en scène des corps en métaphore, qui nous donnent à vivre l’expérience d’une bouche – car il s’agit bien d’une expérience, portée collectivement, à la limite de la performance. « C’est l’histoire de la mâchoire inférieure qui dit à sa moitié supérieure : retrouvons-nous tout à l’heure…Nous bâillons en moyenne 240 000 fois au cours d’une vie. Nous ouvrons ainsi la bouche de manière imprévisible, réflexe et involontaire, comme tous mammifères. Entre étirements et contractions, entre détente et tremblements, entre bouche ouverte et bouche fermée. Et si les mains ne parviennent plus à fermer la bouche comme nous l’avons appris ? ». Nous explique la chorégraphe et danseuse, Sandra Abouav de la compagnie METAtarses à propos de sa dernière production « et à bouche que veux-tu ? ». Avec quatre autres danseurs, elle donne corps à la vie d’une bouche : du bâillement le plus grossier à l’obséquieuse politesse. Elle n’hésite pas à sortir du cadre : c’est hors champs, à la lisère des spectateurs, quand les danseurs disparaissent pour ne laisser émerger, dans un étrange jeu de lumière et d’obscurité, plus que des bouches grandes ouvertes, béates et envahissantes, que l’on saisit jusqu’à la glotte. Terrifiant et terriblement génial, c’est ce que l’on ressent au moment où plongés dans le noir nous sommes assaillis par l’organe toujours vivant mais coupé de son corps : là où il ne reste plus , justement, qu’une bouche. Une bouche avec des dents, une langue, des amygdales. Une bouche qui désormais ne se raconte plus dans ses métaphores et ses métamorphoses (sociales ou quotidiennes) mais qui se vit de l’intérieur directement, sans intermédiaire. Nous sommes bouche – jusqu’à en être bouche bée.

Par ce spectacle, Sandra Abouav, dans la lignée de Lisbeth Gruwez ou de Robin Orlin, renverse les codes du spectateur et impose le bâillement comme expression d’abandon heureux, de relâchement sain, de régénérescence, de sérénité, de bien-être. Elle le remet à sa juste place naturelle hors du champs trop souvent étriqué du politiquement correct de la bienséance policée. On apprend alors à bâiller sans mettre sa main devant la bouche, on apprend aussi à « respirer par le périnée ». Bâiller devient alors un signe d’approbation, de rencontre entre le spectateur et l’artiste, où l’art n’est plus médian, mais devient pure médiation… tout comme la bouche qui est aussi l’organe privilégié de la communication. Brillant. Brillant jusqu’au bout. Et même dans le silence d’une bouche fermée.

Mais pour autant, il ne faudrait pas oublier – non pas le « cinquième élément » – mais bien plutôt un sixième protagoniste dans cette scénarisation très aboutie : la musique. Et c’est avec une surprise non dissimulée que l’on découvre les compositions inédites du philosophe et compositeur Vincent Cespedes. Celui qui s’est fait connaître par une littérature abondante (Magique étude du bonheur, Larousse, 2010 ; L’Homme expliqué aux femmes, rééd. J’ai lu, 2012 ; L’ambition ou l’épopée de soi, Flammarion, 2013…) nous saisit par des rythmes variés qui en plus d’être sonores s’avèrent être géométriques tant ils rebondissent dans l’espace. Un moment qui frôle le chef d’oeuvre tant pour l’ouïe que pour la vue, est celui où les danseurs singent à l’accès le chagrin absolu le tout emporté par un flamenco qui aurait pu faire rougir Paco de Lucia.

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“Un spectacle qui rend libre” - message à Sandra Abouav - Octobre 2017 - Par Philippe, un spectateur comblé

Une œuvre qui donne un regard juste, un regard juste c’est du miracle, celui de passer du désir à l’amour sans perdre ni l’un ni l’autre.

Quand je suis rentré dans la salle, les danseurs reposaient sur la scène, leurs corps déposés là, au repos, chacun dans sa singulière présence. La lumière respirait comme une bouche qui attrape et rend l’air avec délicatesse, les corps s’obscurcissaient puis s’allumaient, chacun trouvant dans son tempo une position innocente, je ressentais que le spectacle m’attrapait déjà par cette communicative sieste collective, un sourire complice naissait sur mes lèvres, j’entrais dans la danse par cet assoupissement bienveillant… Un délice…

L’œuvre « A bouche que veux-tu » rend disponible, spontanément, sensation rare, elle « agrandi » ceux qui la regardent, par un relâchement contagieux, elle fait de la place en soi, invite activement à son propre lâcher prise, elle questionne notre « fraîche innocence » du bâillement, le bâillement comme abandon de la « lutte », pour mieux la reprendre…! Lutte en dedans de soi, en dehors, lutte contre les principes, luttes sociales en somme… Là réside toute l’intelligence du spectacle et la naissance de sa beauté… Une beauté naît et grandit, elle ne vous lâchera plus…

J’appelle ça un sacré voyage, « un ça créé », il contient quelque chose de l’initiation, quand la danse des corps fait danser les âmes, tout son être s’invite à vivre, on en ressort heureux.

La chorégraphie s’ouvre sur des corps « innocents », d’une innocence qui tutoie le mystère, alors les corps s’emplissent d’air, de vie jusqu’à l’humour (subtile) ils se réveillent, deviennent des êtres qui prennent leur souffle, s’étirent, ondulent parfois comme des bouquets d’algues, (magnifique cet « a cappella » des corps et de la musique) des corps bruyants qui se « bloquent », qui s’empêchent, qui s’autorisent, bâillent, grimacent, s’aventurent dans l’énergie du mouvement, son enthousiasme, son exaltation…

Ils se séparent, se frôlent, s’unifient, chacun s’invite à prendre des bouffées de vie, l’être fait vivre le corps originel dans un ondoiement vertical, explore des limites, cherche à les dépasser, par l’humour, la peur, l’inquiétude, l’horrifié, le brin de folie, tout cherche ici à percer le mystère, (quel beau travail) et les corps se rejoignent sur le sol, échangent l’un par l’autre dans la douceur de leur immobilité, le temps s’arrête un peu, pause dans la fièvre des pulsions, (sensation délicieuse) je pense à ces filets des Andes traversés par les nuages gorgés d’humidité où l’eau coule goutte à goutte des cordes du filet pour y être recueillie, sur la scène, dans ces chairs mêlées à la musique, je ressentais une douce capillarité, une paix dans ce mystère de notre condition humaine, cette paix devient contagieuse, curative cette contagion…

Puis ces « lucioles » virevoltantes dans la pénombre de la scène, petites lumières fragiles qui glissent dans la salle, elles prennent des formes étranges, l’étrangeté contamine, les lucioles se rapprochent, la salle dompte son souffle, suspension collective, doux parfum d’inquiétude, un zeste de rire pour avaler l’étrange, goûter la belle idée, lucioles à gorges déployées, lumière dans ce palais intime… La bouche unit la salle…

À bouche que veux-tu lutte contre les fureurs, diffuse la gourmandise de vivre, celle d’accepter notre sérénité.

C’était au théâtre de L’étoile du Nord, les 13 et 14 octobre, oui, j’ai vu ce spectacle deux fois.

“L'heure de la sieste” - Un soir ou un autre - Le 21 octobre 2017 - Par Guy Degeorges

Créer un spectacle à partir du bâillement, c’était drôlement gonflé, un pari à rebours du préjugé qu’une telle entreprise forcément ennuierait le spectateur. Cette curiosité, cette prise de risque paie. Sandra Abouav ce soir m’emmène là où peu de chorégraphes ont l’idée de m’inviter. En pays d’hypnagogie, pour flotter entre éveil et sommeil. Les danseurs vacillent, sombrent, sursautent, s’étirent et la détente me gagne aussi, agréablement contagieuse. Vite, je me sens apaisé comme lors de la séance de yoga de la veille, invité par la prof à laisser venir un soupir, un bâillement, et paradoxalement grand ouvert aux images et suggestions. Sans être crispé par des enjeux d’analyse et de jugement. Bien oxygéné.

Il y a tant à voir sur ce nouveau territoire, peu exploré et plutôt laissé au dessin, à la caricature. Les protagonistes baillent comme ils respirent, laissent ainsi s’exprimer une autre vérité, explorent des curieuses postures de la mâchoire, des grimaces et étirements. Dans le suspend de la musique, la chorégraphie gagne tout le corps, qui lutte ou s’abandonne à cet entre-deux. Se développe en liberté une belle écriture du relâchement, du sursaut et de l’ondulation, drôle, poétique et expressive. Elle m’offre au cœur du voyage de vraies surprises, qu’il serait dommage de révéler. Dans cette expérience singulière, l’intelligence, bien éveillée, se met au service du sensible.

À Bouche que veux tu de Sandra Abouav – compagnie Metatarses vu au théâtre de l’Étoile du nord le 14 octobre dans le cadre d’Avis de turbulences.

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“Impressions from Paris” - The Dance Enthusiast - Le 8 novembre 2017 - Par Ann Moradian

Okay, I confess: I set out in search of escape. While the world collapses in the face of human greed and violence, the often-bloated self-importance of artists has grated on my nerves. Sandra Abouav’s À bouche que veux-tu, a study of yawning and its metamorphoses, sounded like a pleasant diversion.

Created in 2010, Compagnie METAtarses works with multiple disciplines along the frontiers of absurdity. Abouav invited composer and philosopher Vincent Cespedes to explore the body as a musical instrument, and the voice as a source of movement. Yawning certainly fits the bill.

Five performers relax on the stage. They shift position from time to time as we find our seats. When the lights dim, we are immersed in a wine dark sea of recorded words. “What is . . .?” “Violence.” “Pregnancy.” “Responsibility” . . . There are many words — all provocative. The bodies seem undisturbed by them, shifting from one reclining posture to another. Perhaps the world has made us numb. In any case, I let the sounds slide over me like a mass of wet and slippery fish. The dancers never perform in unison, which allows us to meet them individually. They pivot and slide, swivel and sway, extending pedestrian vocabulary into dance, like it is no big deal. Each one has joined body and breath together, deeply, moving like liquid. The result is a cohesive ensemble — a single body — at play. Each of the nine sections is clearly delineated, exploring a specific theme, like how to cut a pear.

All of those words do, eventually, infect the dancers, nudging their nonchalance into angst. Joana Schweizer strikes through a sequence of postures center stage with percussive precision, strobe-like, that reveals only captured moments of stillness, and none of the movement in between: a beautiful, visceral, and astonishing solo, cradled within the ocean of ever-moving others. Cespedes’ contribution is apparent. Music and language, recorded and live, blend together throughout. Hands pop against mouths rhythmically, and breath blows, bursts, and spits from this chorus of bodies. Like jazz, they flow in and out of grooves with an easy pleasure that is contagious.

The house lights come up part way, exposing us, the audience, to ourselves. Claire Malchrowicz proceeds to give detailed directions on how to yawn. Testing them, I realize how vulnerable we are when we relax the jaw, tilt the head back, and expose the inside of the throat. But I am alone, among strangers, and this does not fit in with my plans to retreat from reality: I cannot bring myself to cooperate. Later, five tiny lights glide and hover through the darkness like drones in the night. I imagine innocent villages sleeping beneath. Escape is impossible. The lights float down along the aisles next to us, divulging the ‘open-wide’ mouths they are nested in. It is funny. And it is not.

Abouav comes forward to teach us how to cut a(n imaginary) pear, on a plate that slips out of mind into suspended, yawning moments of mental wandering, like Salvador Dali’s melting clocks. It is a delightful immersion in the surreal, and it is, indeed, absurd. Words stretch out-of-phrase so far they no longer mean anything. They’re just sounds unfolding around and through you. This section is my favorite.

“To cut a pear in two” (couper la poire en deux) is a French expression for reaching a compromise. While Abouav talks, the group yawns themselves into sleep, first politely melting into one another, and then, eventually, completely entwined with bottoms and arms, necks and feet fitting together in a ridiculously improper merging of body parts.

Abouav herself has a particular fluidity. I wish she had not hidden her almost unreal, cream-like spine ripples behind the other bodies. While the ending needs attention, overall, À bouche que veux-tu is a lovely excursion — both an escape and an immersion — into the human, the humane, and the absurd.

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RFI - Émission La danse des mots présentée par Yvan Amar - Le 13 octobre 2017

RIZ COMPLET

“Mystères et merveilles” - Un soir ou un autre - Le 14 juin 2014 - Par Guy Degeorges

De l’intelligence du vivant on se concentre sur l’humain en quête de sens. Un cercle de craie est tracé au sol, mais loin de cadrer la créativité des deux interprètes. Vite, les corps courent et les mots s’enchaînent en jeu de sonorités, se bousculent et se répètent style marabout-bout d’ficelle. Ces mots forment-ils les limites d’autres enfermements ? D’in-articulations en désarticulations, les corps luttent contre en échappées, répondent par charades de gestes en une fébrile déconstruction. C’est un beau duo, Alexis Morel qui se risque en fantaisies flutées, Sandra Abouav bien campée sur son axe mais qui se lance de là vers tant de directions imprévues, mes neurones sont dynamisés. Ils accélèrent sans freins, accrochés l’un l’autre de regards intenses, atteignent de joyeux paroxysmes, jubilent et se relancent. C’est un plaisir d’assister à cette chorégraphie du rythme et de la générosité.

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Par Elsa Godart, Philosophe, psychanalyste, écrivain

La danse est conversion du corps à l’espace.

Mais qu’en est-il lorsque cela ne suffit plus ? Que le corps ne remplit plus ?

Il reste les mots dont l’imaginaire matériel est un support suffisamment puissant pour ne plus laisser aucune prise au vide. Alors les corps et les mots, associés à un même mouvement, habitent le même lieu, jusqu’à le clore sur lui-même. Les mots hantent le corps, le rognent jusqu’à renier la moindre parcelle d’espace. Dans un élan compulsif où la répétition est mise en scène de l’angoisse – prison des mots ; prison du corps – dont le spectateur est otage ; c’est tout l’enfermement de la société qui est décrit, sans plus aucune liberté, sans plus aucun espace de respiration. Et plus le temps passe, plus l’espace se clôt, étouffé de mots – corps morcelés, entre pulsions musicales et impulsions linguistiques, le corps s’efface et «laisse passe » à « l’habiter » : lieu nouvellement créé par la rencontre instantanée de trois éphémères : le temps, l’espace, le mouvement.

“Sortir des rails, trouver d’autres sillons” - Revue Mouvement - Le 3 juin 2014 - Par Marion Estimbre

[…] Quant à la danseuse Sandra Abouav, elle invite le flûtiste Alexis Morel à la rejoindre dans un « rébus chorégraphique, pour transposer en corps et en mots les méandres que l’esprit emprunte quand il s’égare, s’échappe et se laisse emporter ». À n’en pas douter, les femmes (plus que les hommes ?) sont tantôt hargneuses, tantôt furieuses et  toujours où l’on ne les attend pas.[…]

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JE SAOULE LA TRISTESSE DE MES CHANTS

RFI - Émission La danse des mots présentée par Yvan Amar avec Mounir Troudi - Le 13 novembre 2013

S L I D E

« SLIDE » - Danzine Le 20 mai 2010 - Par Marie-Juliette Verga

Dans l’ancien bâtiment de la compagnie d’électricité dans le 11ème arrondissement de Paris, La Générale accueille le travail de la jeune chorégraphe Sandra Abouav, SLIDE, un solo dense qui parcourt le corps de l’animalité à une profonde féminité. La voie d’avenir du corps, Slide la fait apparaître sous la forme de cette mutation qui prend et donne, selon une règle de beauté sans craindre de traverser des crises aiguës, où les corps se convulsent pour accélérer la mue, où l’énergie de survie réinvente de nouvelles générosités, de nouvelles possibilités…
Elle est énigme. Elle glisse non par volonté, mais parce que les prises concrètes font défaut. Elle tourne autour d’elle(même et se visse. Elle goûte aussi à des secousses qui la perturbent, à de minuscules séismes intérieurs et se laisse contaminer par des tensions délétères. Le déchaînement de sa fougue l’entraîne dans la brutalité du réel.
Il faut lever les réticences et la peur de s’abandonner. Entretenir la glisse.

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« Sociétés au travers de transes corporelles » - Le Midi Libre Le 23 décembre 2010 - Par Larbi Graine

Le spectacle qui clôtura la soirée nous oblige à revoir l’appréciation que nous avons exprimée dans un précédent papier, à savoir qu’un spectacle chorégraphique digne de ce nom ne peut se faire sans une équipe complète de danseurs. Sandra Abouav, 26 ans, de la Compagnie Métatarses a démontré le contraire. Sur plus d’une demi(heure elle a monté un spectacle entièrement en solo. Intitulée SLIDE, la pièce qui tire probablement son nom du verbe anglais « glisser » a tenu en haleine l’assistance. Invité à présenter la pièce, Vincent Cespedes qui a composé la musique de cette pièce mais qui est aussi écrivain et philosophe, en a profité pour glisser un mot de pub sur son dernier livre L’homme expliqué aux femmes paru chez Flammarion en 2010. A la tribune, il s’est dit « espérer à travers ce livre être l’avocat des hommes » et d’ajouter « j’y expliquais que les hommes sont en train de se transformer en bien ». Selon lui « il n’y a pas de mauvaises et de bonnes danses, toute danse s’attache à quêter la vérité ». Et de poursuivre « l’intérêt du spectacle que vous allez suivre ne réside pas dans l’ampleur du dandinement du corps mais dans la prouesse que va réaliser la danseuse en réussissant à tenir longtemps sur scène ». En effet Sandra Abouav condense en elle(même des dizaines de danseurs. Sa pièce chorégraphique invite au voyage intérieur où l’on voit les tourments, les joies et les pulsions psychiques se matérialiser en mouvements musculaires et corporelles. Le corps de Sandra a semblé pétiller de mille éclats, muter sous l’épiderme, se décomposer et se recomposer à l’infini. La fin a été marquée par des applaudissements nourris par ci et des ouf de soulagement par-là.

2e Festival international de la danse contemporaine d’Alger – Sociétés au travers de transes corporelles

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« Une lutte » - Un soir ou un autre Le 18 février 2012 - Par Guy Degeorges

Le corps et le monde…. L’énergie de cette danse sourd et déborde, une volonté entière en lutte contre l’adversité. Contre un ennemi (est-il naturel, intime, politique, métaphysique? (qui reste invisible. Le corps à l’œuvre combat sans relâche dans ce vide menaçant et omniprésent, tombe, se relève, les gestes amples et généreux. Il résiste en mettant en oeuvre plus de souplesse que de violence. La remarquable création musicale, en flux, chocs et superpositions, témoigne de la confusion du monde, de changements incessants. A la fois elle oppresse et se laisse traverser de mouvements d’espoirs.Cette agitation fébrile, cette énergie à vif, m’interpelle, me dérange aussi dans ce qu’elle a d’excessif. J’hésite à tant m’impliquer. J’aimerai cette danse plus concentrée en moins de gestes, plus mesurée, mais peut(être alors se trahirait-elle? Elle persiste dans sa lutte entêtée, de plus en plus vertigineuse, le corps se sature de cendre et titube, souffre à terre, mais progresse, vers la liberté? C’était SLIDE, chorégraphie et interprétation de Sandra Abouav, musique de Vincent Cespedes, vu à la Loge.

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« SLIDE par Sandra Abouav, au Théâtre de La Loge » - Danser magazine Le 29 mars 2012 - Par Philippe Verrièle

La prise d’espace est franche, la gestuelle précise et découpée. La jeune fille, formée aux RIDC de Françoise et Dominique Dupuy, est d’une nature bien née. L’éclairage qui utilise la vidéo diffracte la personnalité de l’interprète. La construction est structurée autour de séquences agencées l’une à l’autre. Cela glisse et coupe à la fois, servi par une maîtrise du geste bienvenue. La danse butte en cherchant à répondre à l’on ne sait quelle injonction de sens extérieure à elle-même. Il faut attendre les minutes finales et en particulier la conclusion en explosion. Cet essai d’une très jeune chorégraphe sur une manière de diffraction du corps possède de réelles qualités et il faudra suivre son auteure.

DE COLLINE EN COLLINE

DE COLLINE EN COLLINE - La presse.tn - Mars 2013 - Par Ahmed Alaoui

Tunisie: De colline en colline – Terminus Chenini

Tout le monde descend. À un jet de pierre de Tataouine, se dresse le village de Chenini. C’est dans ses sublimes paysages que l’Association 24h00 Art Contemporain créée et dirigée par l’artiste Faten Rouissi, supervisée par Christiane Bohrer du Goethe Institut, a conçu la troisième et l’ultime étape de Colline en Colline.

Refuges du massif aux frontières du désert, une citadelle fusionnée dans le paysage, des greniers, des mosquées, une zaouia, parsemés à flanc de montagne, des formes, une langue, une vue panoramique captée du sommet, minaret et coupoles penchées, la mosquée blanche des Sept Dormants (Sebaâ Rgoud ou Ahl El kahf), trois siècles de sommeil, légende qui attire encore les visiteurs d’un jour à la recherche des origines de la pierre ocre et de l’écho de la longue histoire.

Omar Meziani (Algérie) voit, dans les portes de Chenini, une œuvre d’art brut, pictogrammes spéciaux et clés imposantes, il dépose un tissu dans un abri, invite les habitants à dessiner chacun sa clé… refermer sa porte pour se réapproprier le patrimoine.

Sandra Abouav (France), danseuse contemporaine, fait découvrir les lieux, la roche par ses mouvements et les saisit en vidéo.

DE COLLINE EN COLLINE : UNE NOUVELLE FORME D’ACCÈS À L’ART CONTEMPORAIN DANS TOUTES SES EXPRESSIONS - Tuniscope.com - Le 19 janv. 2013

RYTHME D’AUTOMNE

« À New York, quand sculpture, peinture et jazz se mélangent à l’infini » - Le Ben Franklin Post, New York / France USA Media - Le 23 mars 2012

A New York, la création artistique est souvent collective. Le sculpteur français Alain Kirili invite par exemple régulièrement des musiciens de jazz dans son immense loft de Tribecca. Ils y font des concerts parfois très expérimentaux, parfois tout simplement blues. Fin décembre, il y avait près de 70 personnes au domicile du sculpteur. Le jazzman Sam Rivers, décédé l’année dernière, avait pris pour habitude d’inviter des musiciens chez lui pour des “jam sessions”. Kirili poursuit cette belle tradition made-in- Manhattan.

Comme il l’explique lui(même, il a commencé à accueillir des musiciens chez lui « dès les années 80 ». Et « entre le désir d’en faire tous les jours et la réalité, [il] essaie de [s]e tenir à un [concert] par mois. Mais malheureusement la pression et la demande sont telles qu’il [lui] arrive d’en faire deux. La chair est faible et l’oreille aussi » Pour Alain Kirili, la musique est capitale. Après les concerts, il confie que « l’atelier est habité par les rythmes musicaux et c’est comme ca qu[‘il] arrive à créer ». Il y a « une enveloppe rythmique qui se prolonge dans [s]es sculptures. [Il] sculpte du rythme. » […] Le lendemain de sa soirée musicale, Alain Kirili avait invité la danseuse contemporaine française Sandra Abouav, de passage à New York. Sandra a improvisé une chorégraphie autour et avec les sculptures de Kirili. Sensualité, humour, vitalité, tout était au rendez(vous. En fond musical : un disque du joueur de kora malien Toumani Diabate et le tromboniste américain Roswell Rudd, “Malicool”. Mélange magique.

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RYTHMES D’AUTOMNE d’Alain Kirili - Catalogue d’exposition - Janvier 2013 - Par Thierry Dufrêne

Les éléments géométriques, cylindres entiers ou découpés, carrés, rectangles entrent dans une configuration complexe, un peu comme une constellation cosmique. Mais aussi ils sont soulevés comme par une houle dynamique. C’est ce qu’ont parfaitement ressenti la danseuse Sandra Abouav et le souffleur Jérôme Bourdellon qui ont accompagné l’installation de la sculpture. Le mouvement du corps et le vibrato de l’instrument oscillaient en permanence entre forme tenue et abandon dionysiaque. Exactement comme Alain Kirili dit vouloir d’une part « que le regard reste plongeant, apaisé: c’est une méditation sculptée » et d’autre part que « la différence des hauteurs crée une ondulation qui reprend celle du gravier et donne un accent vivant à l’œuvre.

HÉLICES

“Danses en forme- partie 3” - Un soir ou un autre - Le 6 juillet 2012 - Par Guy Degeorges

À quoi sert la danse ? À permettre d’entrevoir des forces invisibles, de nouvelles lignes au long desquelles l’énergie circule ? Sur scène, ces lignes dans l’air sont matérialisées: deviennent-elles des liens qui entravent, ou des liens qui relient? La chorégraphe Sandra Abouav se tient campée sur ses pieds au centre, dans l’œil du cyclone, fétu de paille pile au milieu du grand tourbillon- peut-être en est elle elle-même la source… Le corps se tend, se plie, revient à son l’état initial. Se reconstitue en mémoire de forme, le temps aussi est un cercle.

Dans un maelstrom de sons et musiques empilés, je ressens une brusque ivresse, ou une fatalité, je la crois au perdue monde et elle m’emporte dans ce vide. Puis elle me semble à l’inverse en pleine communion avec des forces la traversent, des forces qui préexistent. Elle retrouve mobilité et liberté, se développe en une profusion de sensations. Ailleurs on découvre entre énergie et matière de nouvelles particules, ici avec la pensée, le mouvement fait le monde. Hélices, pièce en devenir, prolonge en idées, maitrise, intensité, S L I D E, et me fait renverser mon point de vue, ressentir maintenant convergence plutôt que résistance.
C’était Hélices de Sandra Abouav vu à Point Ephémère dans le cadre du festival Petites (d)formes cousues.

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Rencontre avec Sandra Abouav - Insect TV Le 15 juin 2012 - Par Amanda Corazon

Sandra Abouav, chorégraphe de la compagnie METAtarses présente « HÉLICES » vendredi 15 et samedi 16 juin au Point Éphémère. Nous l’avions rencontrée en février dernier lors de son passage à La Loge avec la pièce « SLIDE-se révolutionner ». Aperçu d’un échange fleuve et passionnant.

Des modèles et des influences
J’ai découvert le travail d’Hervé Diasnas avec le solo « Naï » (vu à Poitiers il y a six ans environ). Quand j’ai décidé de faire mon solo « SLIDE », son fantôme m’accompagnait, parce qu’il est dans une expression des passions et se situe sur deux partis pris. Le premier consiste à ponctuer l’espace par des contraintes et rendre visible des domaines différenciés sur la scène (une conception qui façonne mon écriture). Il est capable de faire une danse des mains très articulée, minimaliste, subtile, mais aussi de déployer une grande énergie. C’est son deuxième parti pris : son rapport à la dépense, à la physicalité vraiment accrue que j’aime beaucoup.
A la même période, j’ai vu ce que faisait Odile Azaguri. Elle met en scène quelque chose de l’ordre de la folie humaine, une décadence de vie qui nous plonge dans l’humain et ses ambivalences. Ce qu’elle propose n’est pas du tout binaire, c’est une sorte de dérive du collectif sur l’individu. Il y a quelque chose de cet ordre là qui m’a beaucoup plu quand j’ai rencontré ce travail. Elle est d’origine marocaine et travaille aussi sur l’idée de l’exil, sur la culture que l’on amène avec soi, qui est déposée dans le corps et qui peut se manifester dans l’ailleurs. Chez elle aussi, j’apprécie la dépense physique de la danse, l’idée que quelque chose de fort se joue sur scène. Ce que je fais est antinomique avec la non-danse ou de la contredanse.
J’aime aussi beaucoup Christine Gérard, pour son rapport à l’improvisation, sa capacité à nous mettre dans un état d’hyper sensibilité. Et il y a Dominique Dupuy : un totem vivant, une bibliothèque vivante, dans ce qu’il transmet de son rapport à l’espace. Je me sens « héritière » – bien que je n’ai pas été son élève unique et qu’il n’a pas été mon maître au sens où il n’y a pas eu de transmission privilégiée. Je me sens comme chargée d’une responsabilité vis-à-vis de son travail, notamment en ce qui concerne sa conception de l’espace, empruntes de principes orientaux. Selon lui, l’espace est déjà peuplé de mouvements, et le corps, en traversant ce champ de mouvements présents mais imperceptibles, les rend visibles. Le mouvement existe déjà, il suffit au corps de s’insinuer à l’intérieur : le corps n’est qu’un vecteur du mouvement déjà existant. Cette idée me plait beaucoup. C’est aussi ce que dit Mary Wigman lorsqu’elle parle des petites mains extérieures et invisibles qui la déplacent, qui bougent son corps. Ce qui me plait dans cette notion de l’espace, c’est qu’il y a une forme de déresponsabilisation. Tu te décentres, tu t’en remets à l’espace, à l’écriture que tu fais de l’espace, pour voir émerger la danse.

Le travail de Sandra Abouav : quelques fondamentaux

ESPACE
Le rapport à l’espace est fondateur. Il y a des gens qui dansent plutôt sur place, même si en danse contemporaine, cela a été un peu balayé… Je suis dans l’idée d’être au cœur du monde et d’être plongée, immergée dans un espace.

CÉLÉBRATION
J’aime aussi beaucoup l’idée de réenchanter le quotidien, de la célébration. Quelque soit le projet, il y a toujours pour moi l’envie d’une célébration de la vie, de l’humain, quelque chose qui le porte au sublime. Comme une gloire à cette vibration de la respiration, de la pulsation : je suis très attachée au rythme. J’aime penser à un corps qui serait encore païen, surtout au XXIe siècle. Un corps qui se reconnecterait avec le sacré, le spirituel dans un rapport au temps immémoriel ; c’est probablement une conception plus orientale qu’occidentale. Que l’on soit face à un solo ou à une danse de groupe, j’aime l’idée que l’on puisse avoir accès à l’individu dans sa mythologie intime. C’est-à-dire qu’il y a des rituels intimes, des choses auxquelles on n’a pas accès directement, qu’il faudrait décrypter.

SÉMIOTIQUE
Je considère que la danse se situe entre le signe et le symbole : qu’il y ait des choses qui fassent signe, comme l’écriture, qui laisse peu de place à l’ambivalence, et la danse plus liée au symbole, qui lui, au contraire est vraiment chargé, avec des connotations très différentes. Dans mon travail, j’essaie de toujours flirter entre les deux.

MÉTAMORPHOSE
Ce qui me plait aussi, c’est de pouvoir me glisser dans des peaux différentes. Comme dans mes rêves d’enfant. Avec l’idée du travestissement, mais aussi (surtout) celle de changer de peau : de pouvoir passer à l’animalité, de pouvoir jouer avec sa propre peau. La métamorphose, c’est mon cheval de bataille ; et « SLIDE », c’est vraiment la recherche du comment glisser d’une situation à une autre, comment aller jusqu’au bout d’une expérience que l’on peut faire avec une peau particulière, et comment la mue, la mutation même est impérative pour continuer.

FAIRE DE LA SCÈNE UN LIEU DE QUESTIONNEMENT
Sans pour autant qu’il y ait un message, ce que je considère comme le pire écueil du spectacle vivant (« Quel est votre message ? » « Qu’est ce que vous voulez dire ? »). Je fais quelque chose qui dit quelque chose, mais moi, je ne veux rien dire. Et j’aime pouvoir semer du trouble : par l’illusion d’optique, l’illusion temporelle, par la déformation du corps… quelque chose qui dérange, qui déplace.

VIDÉODANSE
De manière plus pragmatique, dans mon travail, la collaboration avec Vincent Cespedes est essentielle. Ensemble, on réalise beaucoup de vidéodanses. Il filme et m’amène des musiques à explorer. Il y a vraiment un lien particulier entre la musique et la danse. C’est une rencontre qui amorce un évènement, et Vincent, dans sa philosophie, définit l’évènement comme une source d’émotion. Il y a évènement quand il y a émotion. Le mouvement c’est de l’émotion. Comme disait Merce Cunningham, ce n’est pas la peine de surenchérir, le corps en mouvement est déjà très expressif. L’idée est donc de tisser des intentions pour parvenir à l’émotion, d’atteindre et d’impliquer le spectateur, de le questionner, de le déplacer. Cette conception vitaliste est également très présente dans la philosophie de Vincent Cespedes : on parle de la brèche de la vie.

ANTENNES
Quand je donne des cours, j’utilise souvent le mot « antenne ». On a des antennes au bout des doigts : c’est assez évident et commun comme image. J’avais fait un stage avec une danseuse de butô, Sumako Koseki, qui parlait de la « pixellisation du corps ». Elle avait recours à ce terme technologique virtuel pour parler du corps, et je trouve ça drôle. Pixeliser le corps, le mettre en haute définition, essayer de rendre visible chaque parcelle du corps dans un rapport hyper sensible à l’espace. Cela me touche beaucoup et me renvoie à une idée de Déborah Hay : faire comme si chaque cellule du corps se rendait consciente de l’espace dans lequel elle se projette. Ne pas avoir un corps bloc, mais un corps réflexif et réceptif à l’espace qui l’entoure, comme si les cellules du corps grouillaient… J’aime bien l’idée que le corps soit une matière grouillante.

À découvrir : HÉLICES, 15 et 16 juin au Point Éphémère.
En résidence au Point Éphémère en mai du 14 au 27 mai avec le projet « HÉLICES », nous présenterons une première étape de travail dans le festival « Les petites formes décousues » les 15 et 16 juin (tous les résidents du Point Éphémère y présentent leur travaux). Je travaille de nouveau avec Vincent Cespedes qui m’accompagne autant en musique qu’en philosophie. Dans « HÉLICES », il y a une thématique pré-explorée dans « SLIDE » : le passage du mécanique à l’organique. Il s’agit ici d’explorer comment on perd de vue l’humain parce que l’on se « machinise » on se « routinifie », et comment on brise ses chaînes pour retrouver le rapport à l’humain, au vibrant.
Il y a ces deux idées dans l’hélice et c’est ce qui me passionne : c’est à la fois une forme qui est fabriquée industriellement pour générer de la propulsion, mais ça désigne aussi l’hélice organique qui est présente dans la construction de beaucoup de structures vivantes. Nos muscles sont en spirales, la double hélice de l’ADN est aussi une image. De quelle hélice va-t-on parler ? Quel est ce symbole que l’on va convoquer ? Pour le savoir, rendez-vous vendredi 15 juin et samedi 16 juin au Point éphémère pour découvrir la première étape de travail de « HÉLICES », dans le cadre des Petites formes décousues.

ATTENTATS CHORÉGRAPHIQUES

“ Place aux attentats chorégraphiques” - Le Monde / Blog - 22 mars 2010

REPORTAGE – Et si les danseurs investissaient le débat politique ? Pour le jour du printemps et le deuxième tour des régionales, le premier attentat chorégraphique a été organisé à Paris, métro Concorde. Faux SDF et vrais danseurs, dans une station décorée de canapés publicitaires Ikea…

La chorégraphe Sandra Abouav
« L’avantage des attentats chorégraphiques c’est qu’ils ne détériorent pas le matériel »
Contrairement aux actions de détournement ou d’arrachage de publicité
Au rythme du tambour et des métros qui passent
Bienvenue dans « une société où on chasse les SDF comme des pigeons »
Parmi les danseurs, un philosophe : Vincent Cespedes. Ce jour-là il tient la caméra. Depuis 2004, il accompagne le mouvement anti-pub. Engagé contre les ravages des ces injonctions à l’”avoir », auxquelles on ne peut pas répondre. Ou éventuellement en consommant !
A 35 ans, Cespedes veut proposer d’autres réponses et dénonce l’implication des intellectuels dans la conception des dispositifs publicitaires
Ce n’est pas un hasard si en inspiratrice indirecte de ces attentats, on retrouve Naomi Klein. La journaliste (auteure de « No Logo » en 2001 et récemment de « La Stratégie du choc ») fournit beaucoup de matériaux à la pensée « alter-libérale » :
Dans la lignée du sabotage artistique et du terrorisme poétique, prôné par le philosophe « libertaire » américain Hakim Bey, au début des années 90, l’attentat chorégraphique devient une de ces nouvelles formes de luttes. Des actions qui n’engagent plus que les militants mais aussi les artistes.
Bientôt des attentats théâtraux, et des chanteurs kamikazes. Cette première « Kit dance party » aura des suites !

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« Une danse pour dénoncer la publicité d’Ikea » - Le Parisien - Le 22 mars 2010 - par Marie Anne Gairaud

C’est une danse pour dénoncer la publicité dans le métro en général, et celle du fabricant de meubles Ikea en particulier. Emmenés par la chorégraphe Sandra Abouav et le philosophe Vincent Cespedes, un groupe de militants ont …

“Mais qu’est ce qui leur prend ?”, interroge une mère, le regard scotché sur le quai du métro d’en face.. Hier après-midi vers 16h30, une bande d’une vingtaine de personnes s’est mise à danser sur le rythme d’un tambour sur la quai de la station Concorde de la ligne 8. L’équipe avait décidé de dénoncer avec cet “attentat chorégraphique”, l’opération publicitaire d’Ikea organisée dans quatre stations de métro (Saint Lazare, Concorde, Champs Élysées, et Opéra) jusqu’à mercredi, “Ikea pour du marketing a le droit d’installer des canapés confortables sur les quais alors que ça fait des années que le mobilier des stations est choisi pour empêcher les SDF de dormir dans le métro”, soupire Sandra, la danseuse à l’origine de cette opération de “désobéissance”. “On déroule le tapis rouge pour les grosses entreprises et, en même temps, on jette les pauvres dehors”, regrette un jeune homme de la bande. Pendant une poignée de minutes, ces “danseurs” venus d’horizons très différents (étudiants, professeurs, artistes, etc) ont donc organisé un joyeux chahut autour des canapés de la marque suédoise. Les passagers du métro auront-ils compris leur message ? Ils étaient nombreux en tout cas à dégainer leur téléphone portable pour immortaliser la scène. Les vigiles de la RATP ont tentés d’interrompre la troupe, mais les danseurs n’ont pas cédé et ont terminé leur “attentat” avec le sourire.

« Dancers stage "choreographed attack" on Ikea » - THE INDEPENDENT - Le 25 mars 2010 - par Cheryl Roussel

Flash mob protests at Swedish firm’s ‘tacky’ ploy to put sofas in Métro stations

Mostly, Parisians on the platform of the Paris Métro have to fight with their fellow commuters for a hardbacked seat. But an unusual protest against an advertising stunt on the underground has left them with a very different proposition: a battle for a place on a sofa with a troupe of dancers bouncing on the cushions.

The scene was the result of what demonstrators called a “choreographic attack” on an Ikea advertising campaign over the weekend. The Swedish brand had turned the platforms of four central Parisian Métro stations into mini-showrooms as part of a two-week publicity campaign. Passengers arrived to find brightly coloured sofas and armchairs instead of the usual hard steel and plastic seats. Designer lamps were placed between the sofas whileposters behind them showed trompe-l’oeilbookcases and wardrobes, or displayed Ikea slogans

However, while many commuters welcomed the chance to put their feet up for a few moments between trains, nearly 30 Parisians staged a five-minute dancing flashmob last Sunday to protest against the campaign. To the rhythm of a drumbeat, the dancers whirled and posed around the sofas while others dressed as homeless people lay in sleeping bags around them.

The participants, a mix of professional dancers and French students and teachers, were led by 26-year-old Sandra Abouav. The choreographer had posted a video of 17 dance movements online, including “the ventilator”, “the moustache” and “the fly-catcher”. [Voir la vidéo]

The attack was also a protest against advertising on the Métro. Co-organiser Vincent Cespedes is a philosopher and author of several vehement antiadvertising essays. “I want to make advertising tacky”, he said. “People should want to vomit rather than look at it.”

The dancers were also protesting on behalf of the many homeless people who attempt to shelter in the Parisian Métro each night. The usual platform seats are specially designed to be uncomfortable to lie down on, with curved sides and metal armrests. During the Ikea campaign security guards were posted to remove any homeless people attempting to sleep on the sofas.

Ms Abouav saw the sofas as a striking symbol of society’s two-faced approach to comfort. “The labels on the sofas give the price and references, allowing users to go and order their sofas online straight away, while the homeless people can’t even lie on them”, she said, explaining that the dancers bouncing joyfully on the sofas represented the rich people in contrast to the powerless homeless lying beneath.

Mr Cespedes said the action channelled the spirit of the May 1968 student movement, because it brought philosophy “on to the streets”. But the lively scene was far removed from the violent riots of the Sixties. Confused security guards briefly attempted to intervene but decided they could only ask the dancers to stop bouncing.

Métro passengers seemed more bemused than politically motivated. “People were wide-eyed, surprised, there were many smiles”, said Ms Abouav. After five minutes the dancers dispersed, leaving no trace but a video posted online which has intrigued and entertained the French media.

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« La danse antiPSarko » - Libération.fr - Le 16 avril 2010

Après s’en être pris à la RATP, le groupe « Attentat chorégraphique » nous livre une nouvelle livraison dansée et politique, dénonçant le « travailler plus pour gagner plus ».
Emmené par la chorégraphe Sandra Abouav, ce groupe de militants avait déjà investi la station Concorde à Paris pour protester contre des transports en commun à deux vitesses: hostiles aux SDF avec la multiplication des sièges en pente et des pics pour interdire le repos; et accueillants pour les plus aisés avec une expo de confortables meubles Ikea – à vendre dans la station d’un quartier plutôt huppé.
Le groupe récidive cette fois dans un Franprix de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) sur une ballade sarcastique Rock Pop traversée de dissonances savoureuses. L’idée: mettre en réflexion le fameux «Travailler +» de Nicolas Sarkozy à la lumière de la philosophie de Nietzsche. Lequel dénonçait, non le travail, mais sa glorification comme le meilleur moyen de maintenir le peuple dans la médiocrité et la grisaille existentielle.Dans cette nouvelle vidéo, et sur une chanson de Vincent Cespedes, le groupe entame sa danse dans un supermarché sur le discours du Président :« Comment voulez(vous qu’un président de la République puisse augmenter le pouvoir d’achat si on ne fait pas le travail le dimanche pour l’ouverture des commerces, si on ne fait pas les heures supplémentaires, comment ? »

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Radio NOVA - Les Attentats Chorégraphiques. L'Eléphant effervescent, présenté par Mathilde Serrell - Émission du 26.04.2010 - 13:30

FAIRE CONNAISSANCE avec SANDRA ABOUAV

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AUTRES

France Culture Entrez dans la danse ! (2/5) : "Le mirage du tutu" Sur les docks Entrez dans la danse ! (2/5) : Émission du 22.06.2010 - 17:00. Un documentaire de Dominique Boutel et Diphy Mariani

Petit chignon serré, collant et justaucorps rose, pointes ou chaussons dans le sac, les petites filles du 21ème siècle continuent de rêver sur la danse classique.

Poussons la porte d’un cours de danse : odeurs, bruits de cuir qui glisse sur le parquet, souffles de l’effort, le piano qui suit les mouvements… la voix du professeur égrène un vocabulaire immuable et précis : pas de deux, chassés, entrechats, jetés, plus haut mesdemoiselles !

Les articulations craquent, la barre grince, mais il y a le grand miroir dans lequel on s’observe, on se fond, on se console mais on se compare aussi !

En effet, il n’y a que des demoiselles dans ce cours ordinaire d’une banlieue ordinaire.

Petites filles, qui pour un temps ne sont plus bavardes, puisque la danse, pour elles, est silencieuse. Petites filles, souvent minces, parfois très maigres, vêtues de la couleur qu’on leur attribue, le rose, et qui inlassablement, tournent, sautent, portent les bras, avec grâce bien sûr.

2010, à l’ère de la lutte pour la parité, de la question du voile, des écoles mixtes, les cours de danse classiques se remplissent régulièrement de petites filles, conduites par leurs mamans mais aussi leur papas, qui enfilent joyeusement des costumes roses pour entrer dans le moule assez contraignant du ballet classique, alors que la plupart des conservatoires proposent maintenant des cours de danse contemporaine.

La danse met en jeu le corps, dans sa chair, dans son aspect, dans la façon de le mouvoir mais également, elle renvoie à des archaïsmes dans la représentation qu’elle donne du féminin.

Quelles images de cet art hérité du 19ème siècle les filles qui pratiquent cette discipline exigeante, et parfois douloureuse, ont-elles dans la tête ? Et au-delà, quelles projections de la féminité, du corps, cette forme d’expression artistique très codée porte-t-elle encore avec elle ?

Le tutu, ce fameux tutu, serait-il le seul responsable ?

Avec

Sandra Abouav, danseuse, professeure de danse contemporaine au conservatoire d’Aulnay-sous-Bois ; Aureline Roy, artiste performer, plasticienne danseuse ; Laurence Oliver, professeur danse classique au conservatoire d’Aulnay-sous-Bois ; Les élèves danseuses du conservatoire d’Aulnay-sous-Bois ; Samia Bouzelmat et Anne-Marie Toufic, mères de danseuses, et trois élèves du CRR de Paris, Aïda, Elisabeth et Victoire.

Radio Libertaire Émission Tempête sur les planches présentée par Thomas Hahn Le 9 juin 2013 “Vers Louise Michel”

Notre relation au corps - Sandra Abouav (australopithèque dans LUCY de Luc Besson) - La Télé de Lilou Macé Le 15 oct. 2014