Sandra Abouav, chorégraphe
Formée à la danse classique, elle découvre les techniques contemporaines au conservatoire de Poitiers, avec la recréation des Carnets Bagouet. Elle étudie l’histoire de la représentation du corps puis développe un Master au Département Danse de l’Université Paris VIII et poursuit sa formation aux Rencontres Internationales de Danse Contemporaine (diplôme d’État). Elle fonde la compagnie METAtarses en 2010 et crée le solo SLIDE (2010) puis HÉLICES (2012). Elle invite la danse à investir l’espace public avec les Attentats Chorégraphiques. Spectacles, vidéos-danse, performances, conférences, ateliers et collaborations avec des artistes de disciplines différentes comme le sculpteur Alain Kirili et son installation monumentale RYTHMES D’AUTOMNE. Avec Mounir Troudi, chanteur soufi elle présente, JE SAOULE LA TRISTESSE DE MES CHANTS à l’Institut du Monde Arabe (2013). Elle invite Alexis Morel, compositeur et flûtiste, pour jouer sur la musicalité et les mots dans le mouvement avec la pièce RIZ COMPLET (2015) qui reçoit le Prix de la Recherche des Hiverôclites d’Avignon 2015 et le Prix Paris Jeunes Talents de la Mairie de Paris 2014. Elle fait partie des dix chorégraphes sélectionnés par la formation Prototypes II de la Fondation Royaumont, sous la direction d’Hervé Robbe qui lance la création de À BOUCHE QUE VEUX-TU (2017). En 2016, elle intervient auprès des danseurs du Leningrad Center de Saint-Pétersbourg et avec un groupe de comédiens à Moscou. Elle est invitée pour la première édition de Dialogues de la Fondation Royaumont en collaboration avec le CNSMDP et le CNDC d’Angers.
Démarche artistique
Si les hommes ne dansaient pas sur les volcans, je me demande où et quand ils danseraient ; l’important est de bien savoir qu’on a le volcan sous les pieds afin de goûter son vrai plaisir d’homme libre.
Jacques Perret, Bâtons dans les roues
La création naît d’un corps qui vienne habiter l’espace, le remplir. L’envahir pour s’y confronter et en mesurer les limites pour le transformer. Le mouvement se déploie pour rendre visible un imaginaire propulsé à l’extérieur où le corps ne laisserait pas disparaître l’éphémère du geste, mais viendrait plutôt l’imprimer. La source même des interrogations, des perceptions et stupéfactions nourrit le mouvement. Il puise dans les évènements du monde qui chavire. La danse comme « analyseur sauvage » qui vient révéler, réveiller les failles, les absurdités, les violences et les beautés. Cette démarche a la vocation d’amorcer une prise de conscience, un questionnement qui part de l’intime et va rencontrer le collectif. Faire transiter les figures sous des formes différentes (animales ou machiniques) est le moyen de questionner la place de l’Homme dans sa dignité : se tenir debout, résister, être capable de jouer avec la règle pour la réinventer. Un corps « monstr’animal » ouvre la voie à une présence épaisse, saisissante. Son caractère « brut » me renvoie à une imagerie reliée au sacré, et occuperait une fonction rituelle, cérémoniale. La danse comme une promesse de l’évolution de l’espèce.